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INTOXICATIONS  
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Intoxication par les fumées d’incendie  
Objectifs  
Assurer une ventilation correcte : 50 % des patients nécessitent une venti-  
lation assistée.  
Traiter les brûlures et les traumatismes associés : les lésions associées sont  
fréquentes (brûlure, traumatismes, blast) et aggravent le pronostic.  
Définition  
L’intoxication par les fumées d’incendie combine trois mécanismes :  
•
•
•
Brûlure thermique.  
Irritation bronchopulmonaire.  
Détresse respiratoire asphyxique.  
Signes  
Les victimes d’incendies peuvent subir une polyagression :  
•
•
•
Brûlure thermique, cutanée et respiratoire.  
Traumatisme : blast par explosion, défenestration dans la fuite, etc.  
Action des toxiques asphyxiants : oxyde de carbone, acide cyanhydri-  
que.  
•
•
•
•
Altération des fonctions supérieures et coma.  
Collapsus, arrêt cardiaque brutal.  
Acidose métabolique.  
Action des toxiques irritants (acides et vapeurs d’acides nitreuses ou  
chlorhydriques) : irritation oculaire, atteinte ORL avec dysphonie,  
atteinte bronchopulmonaire.  
Premiers gestes – Questions au patient  
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Interrogatoire  
L’interrogatoire :  
•
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•
aide à estimer la conscience, les troubles neurologiques ;  
permet de juger de la raucité de la voix ;  
permet de préciser les circonstances (durée d’exposition, type de feu,  
traumatisme associé, etc.) et les antécédents + allergie.  
Noter la présence de suie dans les narines, sur la langue.  
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Premiers gestes  
•
Pour la respiration : oxygénothérapie systématique, à fort débit, en FiO2  
100 % sans attendre les résultats du bilan biologique pour corriger une  
hypoxémie et déplacer le CO de l’hémoglobine (saturométrie). Évaluer  
dyspnée et toux.  
•
Bilan radiologique au lit : une radiographie pulmonaire initiale anormale  
est toujours un signe de haute gravité (recherche d’atélectasie,  
d’œdème, de SDRA).  
•
•
•
Pour la circulation : monitoring scope, PA, pouls.  
Pour la conscience : score de Glasgow.  
Pour les traumatismes : déshabillage complet de la victime.  
Prise en charge – Bilans, traitement  
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Bilans  
•
–
Le bilan respiratoire est particulièrement attentif :  
recherche de suie dans les voies aérodigestives supérieures (confirme  
l’intoxication) ;  
–
–
recherche de signes d’atteinte des voies aériennes supérieures :  
érythème et Å“dème muqueux au niveau de l’oropharynx, raucité ou  
extinction de la voix ;  
recherche de signes d’atteinte des voies respiratoires : dyspnée, toux,  
douleur thoracique, tachypnée, râles sibilants et crépitants, débit expi-  
ratoire de pointe diminué.  
•
–
Le bilan traumatique est particulièrement attentif :  
brûlures : estimation de la surface corporelle brûlée et du degré des  
brûlures (signe une exposition longue aux fumées) ;  
recherche d’un collapsus par brûlure ou par hémorragie interne (trau-  
matique).  
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•
Recherche des facteurs aggravants :  
–
–
–
–
–
•
troubles de la conscience, agitation ;  
intoxication alcoolique ou médicamenteuse ;  
polytraumatismes associés ;  
âges extrêmes : moins de 5 ans et plus de 64 ans ;  
pathologies associées (notamment cardiopulmonaires).  
Le bilan toxicologique recherche :  
–
une intoxication au CO (prélèvement sur sang hépariné avec seringue à  
gaz du sang et analyse par tout laboratoire hospitalier) ;  
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–
une intoxication à l’acide cyanhydrique (prélèvement sur tube lithium-  
héparine et analyse par laboratoire de toxicologie spécialisé) ;  
dosage des lactates sériques (intoxication au cyanure associée si  
>
10 mmol/L).  
•
–
Le bilan biologique recherche :  
des perturbations respiratoires (gaz du sang) :  
-
-
hypoxémie ;  
acidose métabolique (signe de gravité) ;  
–
–
des anomalies associées : ionogramme sanguin, urée, créatinine pertur-  
bés ;  
une augmentation des CPK : insuffisance rénale, rhabdomyolyse chez  
une victime longtemps immobilisée ou écrasée par un pan de mur ou  
une poutrelle.  
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Prise en charge  
Prise en charge symptomatique  
•
Ventilation non invasive (ventilation spontanée et pression expiratoire  
positive) : ce mode de ventilation semble améliorer le pronostic lorsque  
l’intubation n’est pas indiquée.  
•
•
Ventilation assistée avec intubation oro-trachéale (cf. encadré).  
Oxygénothérapie hyperbare : en cas d’intoxication oxycarbonée et par  
acide cyanhydrique.  
•
Compensation des pertes hydroélectrolytiques en cas de brûlures cuta-  
nées.  
QUI INTUBER ?  
•
•
•
Une victime encéphalopathe, confuse, agitée, dysphonique.  
Une victime comateuse ou présentant une brûlure de la face.  
Une victime avec Å“dème des voies aériennes ou bronchospasme réfrac-  
taire au traitement.  
Une victime avec troubles cardio-circulatoires et modiï¬?cation de l’ECG.  
•
Prise en charge de l’intoxication par acide cyanhydrique  
Hydroxocobalamine par perfusion en 15 à 30 min : perfusion de  
0 mg/kg (ou 5 g chez l’adulte) à renouveler une fois en l’absence de  
réponse.  
•
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La prise en charge de l’intoxication par acide cyanhydrique est  
systématique s’il y a troubles hémodynamiques ou de la  
conscience.  
Surveillance – Évaluation  
•
Fonction respiratoire : FR, SpO , auscultation, radiographies pulmonai-  
res répétées.  
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•
Fonction cardio-circulatoire : FC, PA, état circulatoire périphérique, ECG  
répétés.  
•
•
Mesure de la diurèse.  
État de conscience.  
La radiographie pulmonaire initiale peut être normale.  
INDICATION À HOSPITALISER  
Exposition de plus de 10 minutes dans l’incendie.  
Présence de suie dans les voies aériennes.  
PaO2 < 60 mm Hg (initiale ou après oxygénothérapie en FiO2 100 %).  
Acidose métabolique.  
HbCO > 15 %.  
Bronchospasme.  
Brûlure de la face.  
Fiche 34, Brûlures.  
Fiche 21, Intoxication par le monoxyde de carbone (CO).  
Fiche 62, Prise en charge des polytraumatisés.  
Fiche 117, Intubation.  
Fiche 118, Intubation difï¬?cile.  
Fiche 143, Ventilation non invasive.  
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